En Corrèze, au lieu dit des Mazières sur la commune de Gourdon-Murat, un site gallo-romain comprenant une villa, un four de tuilier, un étang, des aménagements artisanaux et agricoles (canal, digue d’étang…), une enceinte de plusieurs mètres et un monument funéraire circulaire a été mis à jour.
Une brève histoire des fouilles
Le site est fouillé partiellement une première fois vers 1935-1936. C’est le propriétaire des lieux, un particulier, qui décida de procéder aux premières inspections. Il y découvre une salle sur hypocauste avec son foyer et plusieurs autres salles dont les murs semblent être recouverts d’enduits peints. Cette première fouille lui permet de mettre à jour plusieurs éléments architecturaux : des fragments de colonnes, des blocs de marbre, des chapiteaux, des moulures en calcaire, des tuyaux de plomb, de la céramique, des monnaies et une statuette en terre blanche à l’effigie de Vénus aujourd’hui exposée au Musée d’archéologie et du Patrimoine Marius Vazeilles.
De 1966 à 1967, le site est fouillé une deuxième fois de manière plus approfondie. Les fouilles sont menées sur plusieurs espaces distincts. Le mur extérieur, d’une longueur de 43 mètres est davantage fouillé. L’équipe de fouilles procède surtout à un grand nettoyage du site en déblayant les débris accumulés lors des premières fouilles. Cette deuxième campagne de fouilles permit de comprendre l’organisation de la villa, de ses différentes pièces et du site. A 300 mètres de la villa, un four de tuilier, mis à jour pendant la Seconde guerre mondiale par l’ancien propriétaire du site, pu enfin être étudié. Malheureusement, les intempéries l’avaient partiellement endommagés rendant sa compréhension plus compliquée. Le four à tuiles avait déjà été nettoyé en 1965 par la section d’Archéologie du Foyer Culturel de Bugeat qui en avait dressé un plan. Lors de ces fouilles un grand nombre de tessons de céramiques sont aussi exhumés, donnant des clefs de lecture supplémentaires aux archéologues pour la datation du site.
Enfin, le site connut une dernière grande phase de fouilles de 2003 à 2004. Un relevé topographique a notamment permis de délimiter l’étang à proximité. Fort de toutes ses campagnes de fouilles, Guy Lintz le responsable d’opération et Hélène Maveraud-Tardiveau parlent, dans un article publié en 2009, de fundus pour désigner le site de Mazières. Le fundus est un terme latin qui désigne un domaine foncier privé agricole. Il inclut toutes les terres et bâtiments utilitaires permettant à la villa de fonctionner, ce terme se substitue aux riches fermes gauloises les aedificia.

Document conservé aux Archives départementales de la Haute-Vienne sous la côte 15 Fi 203.
La villa
La fouille de la villa a permis d’en savoir davantage sur ses trois phases d’occupation : la première phase d’occupation se situe vers l’an 30-50, la deuxième phase correspond à la fin du Ier siècle de notre ère et la troisième phase se comprend de la fin du IIème à la fin du IIIème siècle. La villa s’organisait autour d’une grande cour. La mise au jour de brisures de verre a fourni quelques indices au dernier responsable d’opération, Guy Lintz, lui permettant d’affirmer que la villa possédait vraisemblablement des vitres, témoignage de la richesse des lieux. Cette petite découverte est notable étant donné que la rareté des exemples de verre à vitre retrouvé par les archéologues.
Le four
La découverte d’un four à tuilier classe le site de Mazières parmi les possibles ateliers de production de terres cuites architecturales pour la Gaule Lyonnaise et la Gaule Aquitaine. Situé à 300 mètres à l’est de la villa, le four de tuilier se compose d’une chambre de cuisson de forme carrée, d’une fosse de travail, d’un foyer ouvert à l’est probablement surplombé par des murettes en briques plaquées et d’une chambre de chauffe. La découverte d’un amas de tuiles courbes au sud du four a permis de dater son utilisation vers la fin du IIème siècle. La pâte utilisée pour réaliser les tuiles semble être la même que celle retrouvée dans les couches de la dernière phase d’occupation de la villa.
L’espace funéraire

Situé à 370 mètres au nord-est de la villa, un monument funéraire circulaire en pierres construit à proximité d’un enclos rectangulaire a été exhumé. Ce monument, érigé en blocs de grand appareil dans un terrain en pente, possède un diamètre externe de 8,40 mètres et un diamètre externe de 6,60 mètres. Au centre, les traces d’une sépulture ont été mise à jour. 28 blocs ont été identifiés dans cette construction, ils témoignent selon Guy Lintz, d’une bonne maîtrise des techniques de construction. A l’est du monument une grande fosse a aussi été identifié. Dans cet espace, ce sont 574 fragments de verres qui sont retrouvés, accompagnés de restes d’offrandes alimentaires carbonisées, tous ces éléments permettent de confirmer que cet espace était réservé aux tires funéraires. L’intérêt remarquable de ce monument réside dans l’ingéniosité de sa construction. L’étude de l’emboîtement des blocs a permis de montrer quelle technique de levage était utilisée.
L’étang
En 2004, un relevé réalisé autour de l’étang a permis d’en apprendre davantage sur sa localisation, son étendue, son approvisionnement et sa topographie. Probablement construit en terre, sa digue mesure 65 mètres de long sur 25 mètres de large et sa surface occupe environ 2.5 hectares. Le positionnement d’un tel site à proximité d’un étang n’est pas surprenant. Il valorise le cadre de vie des villae gallo-romaines et justifie l’implantation d’un site d’une telle envergure en zone rurale.
Pour en savoir davantage, rendez-vous sur le site : http://nalfin.fr/mazieres/
Bibliographie :
LINTZ, Guy, et MAVERAUD-TARDIVEAU Hélène. 2009, « Étangs et uillae dans la cité des lémovices, Vicinitas aquae. La vie au bord de l’eau en Gaule romaine et dans les régions voisines ». Caesarodunum, vol. XLI‑XLII, p. 163‑179.
LINTZ, Guy. 1971, « La céramique sigillée trouvée sur le site des Mazières (commune de Gourdon-Murat, Corrèze) ». Revue archéologique du Centre de la France, vol. 10, no 1‑2, p. 21‑27.
Une réflexion sur “Le site gallo-romain des Mazières”