Le sanctuaire gallo-romain du Puy Lautard

La Creuse abrite de nombreux sites archéologiques dessinant le paysage antique du Limousin. Le sanctuaire gallo-romain du Puy-Lautard est un site du Ier siècle situé sur la commune de Saint-Pierre-Bellevue, à 755 mètres d’altitude.

Le fanum gallo-romain du Puy Lautard en 1993
Crédit : Ministère de la Culture

L’histoire du site

Les fouilles menées entre les années 1986 et 1992 permirent de mettre à jour un fanum (petit temple gallo-romain de forme circulaire ou carrée) et plusieurs sculptures. Le sanctuaire était constitué de deux cellas (lieu du temple où la statue est exposée) de forme carrée et d’une galerie permettant de circuler autour des autels. Le site est notamment connu pour les remarquables panneaux exhumés lors des premières campagnes. En effet, quatre panneaux sculptés en calcaire bien conservés malgré leur côté parcellaire, ont pu être mis à jour. D’ailleurs, un des panneaux se trouvait encore au centre d’un des autels lors de la découverte, preuve de l’abandon progressif du site.

C’est Jean Marquaire et son équipe qui engagent dès 1980 les premiers sondages du site. Les fouilles permirent de dégager des murs constituant un bâtiment, le fanum, qui sont encore debout aujourd’hui à hauteur de 1,20 m. Les archéologues retrouvèrent également l’emplacement d’une fenêtre probablement ouverte plein nord et éclairant la galerie. Les pierres d’angles autrefois disparu, ont été récupéré. A l’est du fanum, on devine également une cour d’environ 50 mètres sur 30 mètres, offrant avec le petit temple une vraie place au sanctuaire. L’occupation du lieu est estimé sur plusieurs siècles entre le Ier et le IVème de notre ère. Les monnaies découvertes sur le site attestent une fréquentation accrue du sanctuaire pendant le IIIème et le IVème siècle. De tradition celtique, le temple a pu évolué au cours du temps et sa forme modifiée. Le temple et son enclos attenant occupaient en tout près de 1500m².

Le sanctuaire rural à double cella

Situé sur un axe de circulation d’une ancienne voie romaine, le sanctuaire du Puy Lautard semblait en retrait de la route principale. Installé au sommet du Puy, le temple comportait une double cella. Le fanum, de 27 mètres sur 11.8 mètres possédait deux absides rectangulaires dans la partie centrale de le façade est, percée de 4 portes. La cella nord a livré des enduits peints à motifs figurés, avec dans son intérieur la base d’une statue.

Les sanctuaires ruraux étaient généralement situés en dehors de la capitale de la civitas. Composées d’une enceinte cultuelle, ils enfermaient généralement d’un temple de tradition celtique avec parfois quelques bâtiments annexes (thermes ou théâtres). Pour le temple du Puy Lautard, on retrouve une enceinte culturelle, isolée, en hauteur, proposant une architecture originale. Le caractère de ces sanctuaires est profondément indigène ou gallo-romain, ainsi le plan du fanum du Puy Lautard est assez rare. Son enceinte serait directement hérité de la Tène (période communément admise entre l’an 450 et 25 avant notre ère).

Les dieux vénérés

C’est la découverte des quatre panneaux de calcaire qui permit aux archéologues de connaître les dieux vénérés dans le sanctuaire. Bien que fragmentaires, les plaques retrouvées sur le site permirent d’identifier les trois dieux suivants : Neptune, Apollon, Fortuna et une divinité féminine.

Neptune est représenté debout comme Fortuna quant à Apollon il pose avec une cithare et un trépied sur lequel monte un serpent. Le culte de Neptune est déjà attesté dans la région notamment dans les thermes d’Evaux-les-bains comme celui d’Apollon. Guy Lintz s’attache à dire que « Ces sculptures traduisent les imperfections d’un art provincial ». Selon lui, ces bas-reliefs ornaient les faces verticales d’un des autels.

Son usage

Proche d’une grande voie de circulation, il était principalement occupé par des voyageurs ou des habitants proches. La découverte de tessons de céramique, de monnaies de bronze, d’un verre de vitre et d’une clef de fer attestent l’occupation du site. Le tassement de la terre dans la galerie de circulation indique aussi le sens où déambuler ceux qui venaient prier.

Aujourd’hui consolidé et protégé, le sanctuaire du Puy Lautard est ouvert à la visite une grande partie de l’année.

Bibliographie :

DESBORDES, Jean-Michel, et al. 1986, « Le sanctuaire gallo-romain du Puy Lautard, commune de Saint-Pierre-Bellevue (Creuse) ». Travaux d’Archéologie Limousine, vol. 7, p. 91‑96.

FINCKER, Myriam et TASSAUX, Francis. 1992, « Les grands sanctuaires «ruraux» d’Aquitaine et le culte impérial » , in Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, t. 104, n°1, p. 41-76.

MARQUAIRE, Jean. 1994, « Le sanctuaire gallo-romain du Puy-Lautard (Creuse) », Travaux d’Archéologie Limousine, vol. 14, p. 23‑64.

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