Les thermes gallo-romains de Chassenon

En Charente limousine, à Longeas, au cœur de l’agglomération antique secondaire Cassinomagus se dressent des bains publics d’envergure : les thermes de Chassenon.

Vue de l’unctorium sud (salle consacrée au massage et à l’épilation).
Sources : Site internet de la Mairie de Confolens

L’histoire des fouilles

Sources : Les Amis de Chassenon

En 1748, est mentionnée pour la première fois l’existence de « vestiges remarquables » à Chassenon. Les premières recherches dans la ville sont initiées par l’abbé corrézien Jean-Hippolyte Michon (1806-1881). Un grand temple est dégagé et un premier plan du site est publié en 1862. Les fouilles se poursuivent pendant près d’un siècle sans qu’aucune nouvelle interprétation ne soit formulée sur la fonction des vestiges. Il faudra attendre 1958 pour que la DRAH (Direction Régional des Antiquités Historiques) autorise Jean-Henri Moreau fondateur de la Société des Amis de Chassenon à entreprendre de nouvelles fouilles. Dès l’année suivante, en 1959, le site est classé aux Monuments Historiques. Cependant ce n’est qu’en 1961 que les vestiges furent identifiés comme des thermes publics. Ainsi, pendant près de trente ans (1958-1988) le site est entièrement dégagé. Les fouilles reprennent en 1995 et se prolongent jusque dans les années 2000. A cette occasion on découvre un ensemble monumental dont un temple octogonal, un théâtre, un aqueduc et un réseau de canalisations.

En 1985, le Département de la Charente acquiert la propriété des thermes et des parcelles alentours avec pour projet de créer un parc archéologique. Aujourd’hui, les thermes de Chassenon sont considérés comme les thermes romains les plus monumentaux de la Gaule et les mieux conservés de France.

L’histoire des thermes

Cassinomagus – Les thermes de Chassenon par Jean-Claude Golvin

Implantés au cœur de Cassinomagus au bord de la via Agrippa, les thermes romains sont construits après la Conquête de la Gaule. Situé à la frontière de la partie occidentale des Lémovices, des Pictons, des Santons et des Pétrocores, l’agglomération était un lieu de passage et d’échanges important justifiant l’implantation de bains publics. On estime que la construction des thermes s’est faite sur presque un siècle entre l’an 90 et l’an 180 de notre ère. Malheureusement le site semble être en proie aux flammes à la fin du IIIème siècle (entre l’an 275 et 280) le détruisant en grande partie. Malgré cette destruction partielle les thermes sont reconstruits au IVème siècle, mais les hypocaustes ayant été réduits en cendre les planchers de bois sont modestement remplacé par des matériaux moins nobles. Enfin au Vème et jusqu’au VIème siècle de notre ère, les thermes sont réutilisés comme habitat rural perdant leur fonction première de bains publics. Puis progressivement le site est abandonné et enseveli jusqu’aux recherches faites au XIXème siècle.

Leur organisation

A ce jour, les thermes gallo-romains sont dégagés dans leur quasi totalité offrant une vue d’ensemble suffisamment grande pour permettre de connaître leur organisation. En tout, c’est plus de 120 m² qui ont été dégagés de terre mettant à jour un ensemble de thermes doubles construits sur deux niveaux. Le premier niveau était uniquement ouvert au personnel des thermes où l’on trouvait un ensemble de plusieurs pièces destinés à l’entretien des bains publics : une galerie, une cour au nord permettant d’accéder aux latrines et au réseau d’égouts, un passage donnant accès aux différents foyers et à la première cour de chauffe, depuis celle-ci un autre passage menait à un lieu de stockage des cendres et à la deuxième cour de chauffe au sud desservant à son tour plusieurs fours. Car au total, ce ne sont pas moins de douze fours qui étaient alimentés chaque jour pour faire fonctionner les thermes.

Cour de chauffe des thermes de Chassenon. Dessin de J-F Poussard
Sources : Site internet des Amis de Chassenon
Plan du niveau de circulation publique des thermes
Auteur : Jean-Paul Brethenoux

Les thermes de Cassinomagus avaient probablement une double fonction : curiste (la vertu thérapeutique n’est pas totalement attestée) et hygiénique. Au deuxième niveau on retrouve donc la partie destinée aux usagers (curistes et simples baigneurs) proposant deux circuits. Au nord, un circuit court était proposé avec un grand gymnase, une petite salle de nettoyage et d’onction s’axant soit les salles du tepidarium (salle destinée aux bains d’eau tiède située au centre des thermes), soit donnant accès au frigdarium (salle destinées au bains d’eau froide). Au sud, il faut imaginer un second circuit avec un petit passage par la petite salle de bains chauds, puis des piscines et de nouveau le frigdarium. Les archéologues supposent que ce parcours pouvait être davantage destiné aux curistes. En effet, la découverte de deux piscines d’eau chaude et de nombreux ex-voto indique qu’il s’agissait d’un centre de soins, bien que les analyses de l’eau ne montrent pas de propriétés curatives.

L’acheminement de l’eau

La distribution de l’eau était essentielle au bon fonctionnement des thermes. L’aqueduc principal de Cassinomagus alimentait le site en eau mais c’est un second aqueduc qui l’acheminait jusqu’aux thermes. Il existait également un réseau de canalisations en plomb permettant l’alimentation des bains d’eau froide. Quant à l’évacuation, celle-ci semblait se faire par l’intermédiaire de trois circuits : un circuit périphérique collectait les eaux de pluie, un circuit souterrain recevait les eaux usagées issues de la vidange des bassins et un égout dit de sortie réceptionnait les déchets des latrines à partir des circuits envoyés dans les latrines grâce à un système de vannes.

Aujourd’hui les thermes de Chassenon sont ouverts au public une partie de l’année. L’été, le parc archéologique de Cassinomagus organise et accueille des événements accessibles à tous.

Pour en savoir davantage sur les thermes de Chassenon, rendez-vous sur le site : https://www.cassinomagus.fr/

Bibliographie :

AUPERT Pierre et HOURCARD David. 2007, « Les thermes doubles de Chassenon » in Les dossiers d’Archéologie, Les Thermes en Gaule romaine,‎ no 323, p.12-19.

BOBEE Cécilia, MARMET Eric et TABBAGH Alain. 2007, « Stratégies d’approvisionnement en eau dans l’agglomération gallo-romaine de Cassinomagus (Chassenon, Charente) », in ArcheoSciences, no 31, p. 45-58.

BRETHENOUX Jean-Paul. 2012, L’agglomération antique de Chassenon, Geste éditions.

HOURCADE David, DOULAN Cécile, LAÜT Laure, ROCQUE Gabriel et SICARD Sandra. 2011, « À l’ouest d’Augustoritum, du nouveau sur Cassinomagus (Chassenon, Charente) », in Siècles [revue en ligne], 33-34.

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